Quand je le repère, celui là m'a déjà vu et sans doute entendu. Plaqué au sol, le lièvre fait confiance à son immobilité. Je joue le promeneur pressé et je passe sans un regard à quelques mètres du bouquin tapi.
Je laisse passer un quart d'heure avant de revenir, cette fois à contre vent et pas à pas. Je ne suis pas dupe, le lièvre sait que je suis là mais je fais vite partie du décor.
Je suis toujours surpris par le peu de mémoire immédiate de cet animal.
Je progresse, le lièvre est blotti entre les herbes, oreilles plaquées sur le dos. Il passerait aisément pour une motte de terre, une taupinière.
J'aimerai un portrait de face où l'ou pourrait voir les deux yeux de l'animal. Alors patience !! chaque pas devient plus délicat et je m'attends à voir le lièvre détaler.
Une heure passe, reste une touffe d'herbe qui gêne ma vision; les mouvements se font au ralenti; surtout ne pas accrocher le monopode dans la végétation, ne pas faire attention aux crampes qui font trembler mon bras soutenant le lourd téléobjectif.
J'y suis enfin, face à l'animal; mise au point manuelle pour minimiser les bruits; la bague tourne lentement; l'image met un temps infini à se former dans le viseur.
J'admire les gros yeux, leur couleur ambrée, le frémissements des narines. déclenchement prudent, deux fois puis une troisième.
Il est temps de partir, je suis reconnaissant à cet animal farouche qui a bien voulu me tolérer sur son territoire.
Je quitte le lièvre, marche arrière prudente avant de m'éloigner.
Le levraut est aussi un as du camouflage, saurez vous le repérer sur le sol forestier?
Seul l'éclat de ses yeux le trahit parfois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire